mercredi 13 août 2008

Nostalgie animée (1ere partie)

Je regardais les dessins animés avec mon petit gars samedi dernier et ça m’a confronté à une dure réalité. Les dessins animés d’aujourd’hui ont très peu à voir avec ceux qui ont bercé mon enfance. Les classiques des années 1930 aux années 1960 représentaient alors un bon pourcentage de ce que nous pouvions voir à la télé.

Je n’aime pas trop jouer la carte de la nostalgie mais il faut dire que dans ce cas là, comme il s’agit d’une de mes plus grandes passions, je ne pourrai pas m’empêcher de me remémorer ces bons vieux samedi matins où gavés de Froot Loops et de Quick aux fraises, nous savourions avec appétit ces petits moments qui n’ont plus leur place dans notre monde aseptisé.

Veuillez noter que je ne fais pas l’apologie des comportements signalés ci-dessous. On a beau être nostalgique, ça ne fait pas de nous des rétrogrades.
Veuillez également noter que malgré mes élans nostalgiques, je ne rejette pas en bloc la programmation que nos réseaux de télé offrent aux jeunes. Il y a plein de trucs hyper-éducatifs et même des séries où l’imaginaire joue encore une place (même si c’est plutôt rare!)

J’ai donc compilé un « top 10 » des phénomènes qui ne sont plus enseignés aux enfants par les dessins animés.



Quand un coyote veut dévorer un oiseau, c’est la nature qui est à l’œuvre. Quand ce même coyote oublie pourquoi il tentait d’attraper cette proie et en vient à tenter de le faire exploser ou à tenter de l’écraser avec un rouleau compresseur, ce n’est plus l’appétit qui parle mais un désir bien plus profond. Une rage incontrôlable. Chuck Jones, le créateur du Coyote et du Road Runner se plaisait à dire que son pitoyable prédateur était un fanatique dans la mesure où il en venait à doubler ses efforts après avoir oublié les raisons de ses gestes. Toujours est-il que cette violence était un excellent exutoire.



Que ce soit le loup de Tex Avery dont le corps entier est victime d’une érection à la vue d’une pin-up ou Pepe le Pew qui en vient presque à violer une chatte parce qu’il l’a pris pour une moufette femelle, la sexualité et le désir sexuel étaient omniprésent dans les dessins animés. (Quand on y pense, les cartoons mettant en vedette Pepe sont d’autant plus immoral qu’ils sous-entendent que Pepe aurait raison de se comporter de la sorte si la femelle avait bel et bien été de son espèce.) Quand on sait que l’image la plus lubrique qu’un enfant d’aujourd’hui peut se permettre de voir, c’est Thomas le petit train qui entre dans un tunnel, on voit tout de suite le type de lacunes dont la prochaine génération va souffrir.



De nos jours, on ne peut plus fumer nulle part. Surtout pas à la télé et encore moins dans le cadre de la programmation jeunesse. C’est triste parce qu’en prétendant que la cigarette n’existe pas, on oublie d’en expliquer les méfaits. Quand on voit Sylvester enfiler les cigarettes à la chaine, tremblant, ne prenant même pas le temps de les déposer pour avaler son café, on a un bel exemple pour illustrer la dépendance.

De son côté, la dive bouteille a fait partie de la culture de l’homme depuis que celui-ci a découvert la fermentation. Toutes les civilisations en parlent dans leurs contes, leurs légendes, leurs religions. De nos jours, par contre, personne ne semble même connaître l’existence d’une canette de bière ou d’un flacon de cognac dans les dessins animés. À croire que Caillou est élevé par des mormons. Il fallait voir à l’époque les conséquences désastreuses de l’abus d’alcool sur le travail d’une cigogne pour comprendre qu’il valait mieux ne pas abuser des bonnes choses.




On ne compte plus les incarnations de Lenny, le simple d’esprit du roman « Des Souris et des hommes » dans les cartoons. Les personnages aux capacités intellectuelles réduites ont toujours été et continue d’être sujet de millions de blagues. Bien entendu, aujourd’hui, on préfère faire ces même blagues sur les blondes, histoire de garder bonne conscience. Mais le portrait de la déficience ne s’arrête pas là. Le nanisme de Yosemite Sam, le bégaiement de Porky Pig ou l’amputation de la jambe de Peg Leg Pete, l’ennemi juré de Mickey Mouse sont autant d’autre sujet de plaisanterie qu’on ne peut plus présenter de nos jours.
Si hier, il était sujet de prédilection pour les gags, aujourd’hui, quand on aperçoit un personnage handicapé dans une émission, c’est pour promouvoir son courage et sa ténacité. Pas question de lui permettre d’être drôle, ne serait-ce que de plein gré.



Les fusils sont dangereux, c’est vrai et on peut argumenter que leur usage dans les dessins animés de présentait pas de façon réaliste les conséquences de leur utilisation. Mais occasionnellement, ces conséquences étaient présentées assez directement. Toutefois, j’admet qu’il est vrai qu’on imaginerait mal de voir Toupie et Binou sortir des « 12 coupés » pour tirer sur les dragons et les loups qui habitent leur monde imaginaire. Quoique, quand il s’agit d’être imaginaires qui sont abattus, je ne sais pas si on peut considérer ça comme de la violence.


Homosexualité, travestisme, transformisme et autres pratiques fétichistes ne font pas partie du langage des scénaristes qui écrivent des séries jeunesses de nos jours. Pourtant, Bugs Bunny était probablement la plus grande drag queen au monde. Et non seulement s’amusait-il à séduire des hommes ignorants en jouant des hanches et en battant des cils, il en est même venu à se marier avec des mecs ce qui représente tout un phénomène d’avant-garde.
De plus, il va sans dire qu’on ne présenterait plus aujourd’hui un adulte partageant son lit avec un ami enfant comme Yogi et Boo-Boo le faisait.


Personne n’aurait aujourd’hui l’idée de réaliser un dessin animé dans lequel le héros tente un suicide violent. Pourtant, pour les jeunes de ma génération, c’était extrêmement drôle. Ça représentait le geste ultime, quand plus rien d’autre ne pouvait arriver de mieux ou de pire.


Là, on touche un problème délicat. Il est devenu très facile de choquer les gens quand on parle d’ethnicité. J’ose à peine imaginer les émissions d’aujourd’hui présentant des clichés comme ceux qu’on retrouvait dans les dessins animés de l’époque : mexicains paresseux, arabes violents, noirs pas très éveillés, japonais aux dents énormes. Et c’est sans compters les centaines de gags de « black face » où les personnages, le visage couvert de suie, commençaient à s’exprimer comme les caricatures de noirs de leur époque (Particulièrement comme le chanteur de Jazz de Al Jolson ou comme Rochester, le domestique noir de Jack Benny à la radio.) Le seul personnage stéréotypé que j’aurais le droit de défendre ici serait probablement Blacque Jacque Shellacque, un authentique canadiens français qui a attenté sans succès aux jours de Bugs Bunny dans 2 épisodes avant de disparaître complètement.


Les scénarios de la plupart des dessins animés qui nous étaient présentés à l’époque reposaient sur l’idée d’un conflit. Que ce soit à cause d’un événement déclencheur venant troubler la quiétude d’un personnage tel ce petit homme qui se voit obligé de repeindre constamment sa maison en bleu tandis que la Panthère Rose s’amuse à la peindre dans sa propre palette de couleur ou à cause de l’appétit d’un prédateur comme celui de Sylvester tentant de capturer Tweety ou tout simplement à cause d’une hargne incontrôlable comme celle de Donald Duck, le conflit est le moteur qui fait avancer l’histoire. On peut même dire que sans conflit, dans 99,9% des cas, il n’y a pas d’histoire. C’est d’ailleurs ce qui fait défaut à certaines séries modernes. Comme on se refuse à utiliser tous les éléments mentionnés plus haut, les sources de conflits potentiels s’en trouvent grandement diminuées.


On peut difficilement trouver quoique ce soit de drôle à la guerre de nos jours mais durant la deuxième guerre mondiale, les références à Hitler, aux nazis et à tout ce qui déroule dans le monde à cette époque sont autant de raisons de s’amuser. Que ce soit Donald Duck forcé de faire le « Sieg hail » ou Daffy assommant le führer d’un coup de maillet, rien ne semble trop osé. Peut-on seulement imaginer Bob le bricoleur tentant de réparer un mur que des terroristes ont fait sauter ?

Dans la seconde partie de cet article, je tenterai d’illustrer mon propos en présentant ce que pourrait être une des émissions qui sont présentées aujourd’hui si on remaniait afin de correspondre à ces 10 éléments.
D'ici là, gardez à l'oeil le blog "Intersections" pour découvrir d'autres strips de moi sous peu et continuez de visiter ce blog également pour d'autres messages.
à bientôt!

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